Cette semaine, tout est question de duos. Un duo d’actrices, un duo entre un cinéaste et sa muse, un duo naissant, un duo de retrouvailles, un duo d’hommes, un duo de femmes… Les possibilités sont multiples pour que le toi+moi ouvre sur du beau cinéma.
Booksmart (Netflix)
Pour son premier long métrage, Olivia Wilde (Dr House, Tron…) crée la surprise. Et c’est le moins que l’on puisse dire. Quelle bouffée d’énergie ce Booksmart ! À l’image des millenials qu’elle dépeint, cette comédie adolescente nouvelle génération fonce à 300 à l’heure sur fond de musique hip hop, avec deux héroïnes survoltées absolument irrésistibles. La folle nuit d’Amy (Kaitlyn Dever) et Molly (Beanie Feldstein) marche dans les pas de ses aînés (Supergrave, Ferris Bueller, Clueless…), tout en renouvelant le genre et en y apportant une belle part de girl power. Olivia Wilde ne joue pas sur la nostalgie (merci !), elle filme les ados d’aujourd’hui. Ces fonceurs qui savent ce qu’ils veulent, qui n’hésitent pas à zapper si ça ne leur plaît pas, qui rendent la frontière entre les freaks intellos et les populaires désirables plutôt floue, qui vivent leur sexualité sans se poser des milliers de questions, qui font voler les clichés en éclat. Forcément, on les envie… ou presque. Mais quoi qu’il en soit, avec Booksmart, c’est certain : le teen movie n’est pas mort, vive le teen movie !
Douleur et gloire
Le cinéma de Pedro Almodóvar et moi, c’est un peu « je t’aime, moi non plus ». Si j’osais, je dirais même plus : c’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quel film on va tomber. Et bien, voyez-vous, Douleur et gloire est digne d’un grand cru authentique. Almodóvar passe de l’intime à l’universel en livrant une réflexion autobiographique poignante, mais aussi un récit sur les affres de la création et de l’âme humaine. Amours passées, figure de la mère, addictions… Les thèmes chers au réalisateur espagnol sont là, le tout saupoudré d’une douce mélancolie. Toujours humble, Douleur et gloire est une mise à nu remarquablement portée par Antonio Banderas (Prix d’interprétation masculine à Cannes). Des retrouvailles poignantes entre un cinéaste et son acteur/alter ego, une œuvre sensible qui touche en plein cœur. De quoi ressortir la gorge nouée. Sublime !
Sibyl
En regardant Virginie Efira présenter la Nouvelle Star dans les années 2000, j’étais loin d’imaginer à quel point elle pourrait un jour me troubler sur grand écran. Dans ce rôle de psychanalyste-écrivain poursuivie par ses démons (la mort de sa mère, le départ d’un ancien amour… avec l’alcool en remède palliatif), elle capture toute l’attention et confirme son potentiel dramatique. Au-delà de l’entente avec la caméra (ce regard !), c’est une alchimie folle qui s’affirme entre l’actrice et Justine Triet, qui la dirige pour la deuxième fois après le remarqué Victoria. Sybil a certes ses défauts (les symboles sont parfois maladroits, les dialogues manquent de naturel…), mais ce portrait de femme hante l’esprit pour longtemps. Mention spéciale aux scènes de sexe où le plaisir féminin n’est pas un simple prétexte voyeuriste (suivez mon regard) et où le corps de la femme aux formes sublimes est beau à pleurer.
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