Scream : le slasher revient toujours

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Au début des années 1990, le cinéma d’horreur peine à se renouveler, enseveli sous des suites de suite à n’en plus finir (on en est au combientième Halloween et Vendredi 13 déjà ?). Wes Craven semble en bout de course après l’échec de Freddy sort de la nuit (le chapitre 7 de la franchise, mais seulement le deuxième réalisé par le papa du cauchemar à griffes). Pourtant, en 1996, grâce à un scénario de Kevin Williamson, il parvient à redompter le genre dont il est maître aux côtés de John Carpenter, et même à lui donner un bon coup de pied au derrière (pas à John Carpenter, hein). Scream dépoussière le slasher, célèbre le méta-cinéma et inaugure une nouvelle génération de suites, remakes, copies et parodies qui ne lui arriveront jamais à la cheville car, comme Wes Craven aimera à le rappeler ironiquement dans Scream 4, « il ne faut jamais déconner avec l’original ».

S’il ne fallait retenir qu’une chose de cet original, ce serait probablement ses 10 premières minutes. Non pas que le reste n’est pas bon à regarder sous un plaid en mangeant du pop-corn, au contraire, mais parce que ce sont en grande partie ces 10 premières minutes qui érigent Scream au rang de culte. 10 minutes qui débutent par une sonnerie de téléphone à rester gravée dans l’inconscient collectif des spectateurs, qui se poursuivent avec un jeu sadique en hommage aux films d’horreur, et qui se terminent (attention spoiler) par le massacre de la tête d’affiche, Drew Barrymore. En cela, Wes Craven n’invente rien, Hitchcock l’avait déjà fait dans Psychose avec Janet Leigh. Mais le suspense insoutenable qu’il parvient à créer en si peu de temps (qui, paradoxalement, peut paraître affreusement long pour nos ongles rongés) rappelle qu’il n’a pas dit son dernier mot. Et ce n’est que le début…

Scream

La suite de Scream reprend, a priori, les traits plus classiques d’un teen movie. Une bande d’adolescents en pleine crise hormonale (certains semblent presque décérébrés) se retrouve prise au piège de Ghostface, un serial killer cinéphile au masque évoquant Le Cri d’Edvard Munch. Tous les stéréotypes sont réunis : la pom-pom girl, le pote hystéro, le geek fan de films d’horreur, le beau gosse ténébreux aux faux airs de Johnny Depp… et, bien sûr, la « final girl », Sidney Prescott (Neve Campbell), figure virginale et fragile dont la mère a été sauvagement assassinée un an avant les faits. Autour d’eux, gravitent la journaliste avide de scoop, Gale Weathers (Courteney Cox), et le flic benêt chargé de l’enquête, Dewey Riley (David Arquette). Il n’y a plus qu’à intégrer notre tueur masqué au milieu de ce beau monde, et le jeu du chat et de la souris peut commencer. Cependant, Scream ne nous a pas offert 10 minutes d’ouverture mémorables pour s’enfoncer ensuite dans les limbes des slasher movies. Bien qu’il l’ait déguisé en film d’horreur, Wes Craven fait tomber le masque et s’engage dans un décryptage du genre. Ses adolescents, bien qu’un peu bêtas, ont en d’ailleurs parfaitement digéré les codes. Ils connaissent les règles de base pour ne pas se faire zigouiller : rester vierge, ne pas boire d’alcool, ne pas dire « Je reviens tout de suite »… Ce qui ne les épargne pas pour autant. Ils ont boulotté les références teen des années 1970-80 et les maîtrisent sur le bout des doigts. Wes Craven s’en amuse et nous offre même un florilège de clins d’œil : le copain de Sidney, Billy Loomis, porte un nom déjà entendu dans Psychose et Halloween ; Henry Winkler alias le Fonzie de Happy Days campe le principal du lycée ; Wes Craven lui-même fait un caméo avec le pull rayé de Freddy… La recherche de toutes les références et mises en abyme présentes dans le film peut devenir un véritable jeu de piste pour certains spectateurs.

Scream

D’autres, préféreront se prêter à un tout autre jeu : celui de l’enquête. Trouver qui est le tueur, quel est son mobile. Car là aussi, Wes Craven prouve qu’il peut toujours jouer avec nos nerfs en distillant des indices, en brouillant les pistes, en rappelant que « tout le monde est suspect ». Honnêtement, on y croit, et alors même qu’on pourrait bien avoir une petite idée, le maître parvient encore à nous cueillir avec un final qui vient titiller les codes. Essayez donc de vous rappeler la toute première fois que vous avez vu Scream, en oubliant toutes les productions qui ont suivi et qui s’en sont plus que nourries… Oseriez-vous dire que vous l’aviez vu venir ?

Finalement, on pourrait se poser tout un tas de questions pour tenter d’analyser Scream : est-ce une réflexion de Wes Craven autour de l’impact de la violence au cinéma sur le monde réel ? S’agit-il d’un regard nostalgique, voire cynique, sur sa propre filmographie ? Est-ce une simple accumulation de références visant à satisfaire les fans du genre ? Assiste-t-on à un pur divertissement jonglant entre frissons et humour ? Scream est sûrement tout cela à la fois, et tout ce que vous souhaitez en faire. Mais au bout du compte, la question qui reste est toujours la même : et vous, quel est votre film d’horreur préféré ?

Cam' dans un film

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Scream de Wes Craven SCREAM – Sortie le 16 juillet 1997

Genre : horreur
Réalisateur : Wes Craven
Scénariste : Kevin Williamson
Musique de : Marco Beltrami
Avec : Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette, Skeet Ulrich, Matthew Lillard, Rose McGowan, Drew Barrymore,Liev Schreiber…

Pour en savoir plus :
Voir la bande-annonce de Scream
– La fiche technique complète du film sur IMDb

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