A Star Is Born
« Je te préviens, j’ai vu la version avec Barbra Streisand, tu vas pleurer ». Ce sont les mots de l’amoureux juste avant que j’aille voir A Star Is Born, premier essai de Bradley Cooper derrière la caméra. Je ne l’ai pas cru une seconde. Moi, pleurer devant une romance musicale cucul la praline ? Cela ne m’est pas arrivé depuis mes 15 ans (enfin, à peu de choses près). Et pourtant, il me connaît si bien. C’est avec les yeux bouffis que je suis rentrée penaude à la maison. Il me semble qu’après avoir fait la maligne blasée, je me dois donc d’être honnête avec vous. Bradley Cooper a bien réussi son coup. En nous contant une histoire vieille comme le monde (une étoile déchue aide une étoile montante à atteindre les cieux de la gloire), qui fait recette depuis la nuit des temps (c’est le quatrième remake depuis de la première version de William A. Wellman en 1937), le cowboy sexy (mais pas que) s’évite un very bad trip. Mieux que ça, en faisant le choix de jouer dans son propre film et de faire appel à Lady Gaga comme partenaire, il mise sur le combo gagnant. L’alchimie incroyable entre les deux, le naturel désarmant de la Lady (un rôle à Oscar) et les tubes en puissance qui parsèment une love story à vous rendre jaloux font oublier les imperfections et dialogues maladroits. Il faut bien admettre que c’est du travail de pro. Parole d’une personne qui écoute « Shallow » en boucle depuis la séance. En reniflant. Parce que c’est parfois bon d’avoir 15 ans.
First Man
Cette semaine, ayant décidé de faire du mal (ou du bien ?) à mon petit cœur, j’ai enchaîné avec la nouvelle machine à Oscar de Damien Chazelle : un biopic de Neil Armstrong avec, accessoirement, Ryan Gosling en tête d’affiche. Mon jugement étant complètement faussé quant au jeu (remarquable) de ce dernier, je préfère vous parler ici de la petite boule de sensibilité que nous a créée là Damien Chazelle. D’ordinaire mitigée quand il s’agit de donner un avis sur son cinéma (entre un profond rejet pour Whiplash et une tendre affection pour La La Land), First Man envoie valser tous mes a priori. Bien plus qu’un énième film sur l’exploration spatiale (vous avez vu Papa et Florence P., je n’ai pas écrit « conquête »), First Man explore l’intimité de l’homme qui marcha sur la Lune devant le monde entier une nuit d’été 1969. Chacun y trouvera une émotion, un écho à son vécu. Dans mon esprit, First Man restera une douce mélancolie sur le deuil, sur la nostalgie et le souvenir de l’être qui est parti mais qui façonne encore notre façon de (sur)vivre. Il aurait pu en rester au statut de film intimiste, mais c’était sans compter une scène d’alunissage époustouflante, accompagnée de la musique grandiose de Justin Hurwitz, pour en faire une œuvre majestueuse. À vous donner des frissons, ou pleurer d’émerveillement, rien que ça…
Les Frères Sisters
Même si sa sortie en salles date un peu, je ne pouvais écarter les Frères Sisters de ce shortcut. Au-delà d’un western sauvage et hostile sur fond de ruée vers l’or, Jacques Audiard signe un superbe conte sur la fratrie teinté, paradoxalement, de burlesque, de violence et de délicatesse. Le quatuor d’acteurs charismatiques (Joaquin Phoenix, John C. Reilly, Riz Ahmed, Jake Gyllenhaal), la force de la partition made in Alexandre Desplat et les images colorées de Benoît Debie y sont pour beaucoup dans le sublime des Frères Sisters. Audiard, lui, y apporte incontestablement sa touche onirique, celle qui fait sa patte, et qui confère du même coup au récit un brin de lyrisme, une grande dose de beauté poétique. À voir sur grand écran… s’il en est encore temps.
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