Ames sensibles s’abstenir : Logan est classé R (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés aux US) et il le vaut bien ! James Mangold et Hugh Jackman l’ont voulu, ils l’ont eu. Et c’est donc à gros coups d’hémoglobine et de griffes plantées dans la chair qu’ils nous font assister au déclin de l’empire américain… euh… de l’ancien monde des mutants. Symboles de la fin d’une ère, les corps décharnés de trois vestiges rescapés viennent nous hanter : celui d’un Professeur Xavier sénile et agonisant, celui d’un Caliban (le pisteur de mutants) rachitique et maladif, et celui d’un Wolverine/Logan rongé de l’intérieur par son squelette en adamantium. Au bout du rouleau, les trois survivants errent tels des fantômes dans ce monde post-apocalyptique pour les porteurs du gène X. Jusqu’au jour où débarque Laura, une jeune mutante aussi féroce que son aîné aux griffes d’acier. Poursuivie par une mystérieuse organisation et un méchant blondinet (Boyd Holbrook, aux faux airs de « graou » Charlie Hunnam pour l’instant midinette), elle va entraîner nos trois solitaires dans un road-movie crépusculaire à travers les paysages désertiques du sud des Etats-Unis. Des paysages qui rappelleront incontestablement ceux d’un western.
D’ailleurs, James Mangold ne s’en cache pas : le western est l’une de ses références majeures pour ce Logan sombre, brutal et sanglant (notamment L’homme des vallées perdues de George Stevens). Rien à voir avec le côté « super-héros » du précédent volet (Wolverine, le combat de l’immortel, qu’il avait également réalisé). Ici, on ne fait pas démonstration d’effets spéciaux à gogo. On est dans l’intimité des personnages. A ce titre, Wolverine n’est plus, on l’appelle simplement Logan. Il prend les traits du « poor lonesome cowboy » et nous rappelle le Wrestler joué par Mickey Rourke : star immortelle d’hier devenue une épave alcoolique à bout de souffle. Il a du mal à dégainer ses griffes plus vite que son ombre. Il souhaite se retirer du monde pour oublier ses démons intérieurs. Joyeux, non ?
Mais au-delà de toute cette noirceur (il faut l’avouer, on ne ressort pas guilleret), Logan dresse quand même un nouvel espoir. Cet espoir, il prend les traits de Laura et d’autres enfants mutants rencontrés au fil du chemin. En ce sens, il m’évoque la sensation de tristesse mais d’évidence absolue que j’ai un jour ressenti en lisant la fin du Je suis une légende de Richard Matheson (le livre hein, la fin du film n’est pas du tout la même !). Cette sensation de malaise qui ouvre pourtant sur une nouvelle ère et de nombreuses possibilités. La tristesse de quitter nos bonnes vieilles habitudes, tout en sachant que ça ne pouvait que se finir comme ça. Alors, quand vient l’heure pour Hugh Jackman aka Logan de raccrocher ses griffes, il est difficile de ne pas avoir ce goût doux-amer dans la bouche, cette drôle d’impression qui mettra un peu de temps à mûrir. Il ne manquait plus que la voix rocailleuse de Johnny Cash sur la magnifique chanson « Hurt » (et je ne parlerais pas ici de mon amour inconditionnel pour la voix de Johnny Cash) pour achever le processus. Un processus fichûment réussi qui fera incontestablement de Logan le plus grand film de la franchise X-Men, si ce n’est le plus grand film de super-héros. Si tant est qu’il s’agisse bien d’un film de super-héros…
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LOGAN – Sortie le 1er mars 2017
Genre : science-fiction, action
Réalisateur : James Mangold
Scénaristes : James Mangold, Michael Green, Scott Frank
Avec : Hugh Jackman, Patrick Stewart, Dafne Keen, Stephen Merchant, Boyd Holbrook, Richard E. Grant…
Bande-originale : Marco Beltrami
Pour en savoir plus :
– Voir la bande-annonce de Logan
– La fiche technique complète du film sur IMDb
– Ecouter la bande originale sur Spotify
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