Bienvenue au Grand Budapest Hotel ! C’est ici, dans la république imaginaire de Zubrowka, quelque part à l’Est, que l’on dégustait dans l’entre-deux-guerres les meilleurs choux à la crème d’Europe. Je m’y suis donc rendue sans traîner, et c’est la bouche pleine de pâtisseries colorées, que j’ai contemplé les aventures du concierge Gustave H et de son jeune lobby boy, Zéro. Le premier, séducteur de ces dames (octogénaires), a hérité d’un tableau valant une fortune à la mort d’une de ses « amies », Madame D. La famille lugubre de cette dernière n’appréciant guère, une incroyable course poursuite débute, à travers les paysages enneigés de Zubrowka.

Tout en léchant mes doigts couverts de glaçage, j’ai savouré cette gourmandise cinématographique, menée par ces gueules de cinéma inoubliables : Ralph Fiennes, Jeff Goldblum, Adrien Brody, Willem Dafoe, Harvey Keitel, Jude Law, Edward Norton, Tilda Swinton, Mathieu Amalric… quel délice ! J’ai été surprise par le parfum sucré des jeunes révélations, Tony Revolori et Saoirse Ronan. Mais je suis un peu restée sur ma faim en n’ayant qu’un arrière-goût de Bill Murray (seulement une trentaine de secondes à l’écran, TRISTESSE).

Chaque plan est parfaitement exécuté par le chef-magicien Wes Anderson, le tout sur une musique gourmande d’Alexandre Desplat. Seulement voilà, j’ai eu un peu de mal à finir mon goûter gargantuesque. Trop de perfection, trop de recherche gustative. Cela m’a un peu ennuyée. Certes, je recommanderai cette adresse. Mais je crois que prendre le thé avec le Fantastic Mr Fox ou manger des insectes grillés avec les scouts de Moonrise Kingdom m’avait plus excité les papilles. Grand Budapest Hotel est une pâtisserie poétique et romantique qui touche au merveilleux, mais qui, par là même, m’a empêchée d’y mordre à pleines dents et d’entrer véritablement dans la peau de ses personnages, de peur d’abîmer leur beauté.

____