Vous n’aviez pas encore peur des oiseaux à Paris ?

Cuicuicuicui Cuiiiiiiiii Cuiiiiiiiiii Cuiiiiiiiiiiiii… Je n’en peux plus ! Je mets l’oreiller sur ma tête. Cuiiiiiiiiiiiiii… Au début, je trouvais ça charmant d’entendre le cri des mouettes depuis mon appartement parisien. Mais après plusieurs nuits blanches au son des piaillements d’oiseaux, je suis au bord de la crise de nerfs. Les 30 degrés ambiants ne viennent rien arranger. J’ai le choix entre mourir de chaud les fenêtres fermées ou mourir d’agacement les fenêtres ouvertes. Dans tous les cas, je ne dors pas. Cuiiiiiiiii… BANG. Je me lève en sursaut. La lumière du matin m’aveugle. Je me frotte les yeux et je découvre, sur le Velux au-dessus de moi, une plume collée au milieu d’une grosse trace rouge. Ils sont vraiment stupides ! C’est la quatrième fois en un mois qu’un volatile vient se crasher contre mes vitres. Je grimpe sur le lit et j’ouvre la fenêtre pour voir si la bête est sur le toit. Rien. C’est alors que j’entends un cri de mouette, puis un battement d’ailes qui se rapproche de moi. De plus en plus. Cuiiiiiiiiiii ! Une douleur atroce sur mon crâne. Je tombe sur le lit, la tête dans les mains. Je vois mon reflet dans la glace. Je saigne. Saleté de mouette ! Elle a foncé sur moi. Soudain, je vois le ciel s’assombrir. Une nuée d’oiseaux est en train de survoler le quartier. Incroyable, je n’en ai jamais vu autant. C’est comme s’ils se rassemblaient pour migrer. Ils font quelques tours, et puis s’éloignent.

Quelques heures plus tard, je retrouve des amis devant Beaubourg :
« Qu’est-ce que tu as au front ? me demande l’un d’eux.
– Une mouette m’a attaquée.
– Une mouette ???
– Je t’assure. Vous n’avez pas vu tous ces oiseaux qui survolaient Paris ce matin ?
– Si, un orage doit les repousser dans les terres ».
Mouais, je ne suis pas vraiment convaincue. Tout à coup, un groupe de pigeons effrayés par des enfants farceurs passent à quelques centimètres de mes cheveux. Je pousse un cri et je m’agrippe au bras d’une copine.
« Ne t’inquiète pas, fait-elle en riant. Il y a des oiseaux sur la Terre depuis 140 millions d’années. Pourquoi auraient-ils attendu tout ce temps pour déclarer la guerre à l’humanité ? »
J’ai cependant un mauvais pressentiment. Tandis que nous nous glissons dans la file d’attente pour entrer dans le musée, ma coupure au front commence à me lancer. Ma tête tourne un peu. Je décide d’aller m’asseoir quelques secondes pour reprendre mes esprits. J’attrape une cigarette et l’allume. J’inspire profondément. Je souffle la fumée lentement. Cela me calme. Autour de moi, le silence se fait. Je retire une bouffée. Ce silence… On entend juste les oiseaux voler. LES OISEAUX ! Je me lève d’un bond. Tout autour de moi, une multitude de pigeons, mouettes et corbeaux se sont doucement rassemblés. Mes amis me font signe de vite les rejoindre. Je me glisse sur la pointe des pieds jusqu’à eux, pour éviter d’effrayer les volatiles. Pourvu qu’ils ne s’envolent pas. Nous nous glissons à l’intérieur et grimpons directement au premier niveau pour prendre les escalators dans le tube de verre. C’est alors que je me rends compte que la place s’est remplie d’oiseaux. Au sol, sur les marches, sur les murs, sur les poteaux métalliques du musée : ils sont partout ! Les gens autour de moi sont éberlués. Depuis les escalators qui grimpent, ils ont les yeux fixés sur la masse à plumes qui grouille en contrebas. Un silence angoissant plane. Je perçois seulement le bruit métallique des escaliers roulants. Soudain, des ailes se mettent à battre, des piaillements commencent à retentir. Les oiseaux s’envolent et se dirigent vers les parois de verre du musée. Une femme, juste au-dessus de moi, hurle, attrape son fils et se met à grimper les marches quatre à quatre. Je suis encore hallucinée quand les premiers coups de becs tombent sur la vitre. Les cris des oiseaux mêlés à ceux des humains terrifiés deviennent assourdissants. Mes amis, en dessous de moi, commencent à courir et me dépassent. Je reste totalement paralysée. Les oiseaux sont tellement nombreux qu’ils couvrent le tube de verre. Je ne distingue quasiment plus la lumière du jour. Mes jambes tremblent. J’ai toujours le vertige dans les escalators. Heureusement, j’atteins enfin un palier. Je me précipite dans une salle du musée, je m’assieds et je me recroqueville sur moi-même. De là, j’entends toujours les coups des oiseaux, de plus en plus violents.
« Ils vont passer à travers ! hurle un homme. »
Je cache ma tête dans mes bras. Les piaillements des oiseaux sont atroces. J’entends le frottement de leurs ailes. Ils approchent en se cognant partout. Des larmes me montent aux yeux. Ma blessure provoque des élancements dans mon crâne. Ils sont de plus en plus proches. Ils arrivent ! Ils arrivent…

BANG ! Han, je me réveille en sursaut. Je suis dans mon lit, en sueur. Je lève les yeux et je découvre, sur mon Velux, une plume collée au milieu d’une grosse trace rouge.

Cam' dans un film

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Un texte inspiré de…

Les Oiseaux d'Alfred Hitchcock LES OISEAUX (THE BIRDS) – 1963

Genre : épouvante, horreur
Réalisateur : Alfred Hitchcock
Scénariste : Ed McBain d’après l’œuvre de Daphne Du Maurier
Avec : Tippi Hedren, Rod Taylor, Jessica Tandy, Veronica Cartwright, Suzanne Pleshette…
Bande originale : et non, pas de musique dans Les Oiseaux ! Seulement une comptine d’enfant et un morceau joué au piano par Tippi Hedren

Pour en savoir plus :
– Les oiseaux se rassemblent devant l’école : pour voir l’un des extraits qui a inspiré ce texte, c’est ici !
Voir la bande-annonce très originale des Oiseaux, de et avec Hitchcock
– La fiche technique complète du film sur Allociné
– Le mystère des Oiseaux d’Hitchcock enfin élucidé ? En savoir plus

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