Dans les catacombes, personne ne vous entend crier…

Je me demande souvent où mes amis Ridley et James piochent leurs idées de sortie. Une chose est sûre, je n’aurais jamais pensé aller visiter les catacombes parisiennes toute seule. Je ne suis pas claustrophobe mais la perspective de circuler à 20 mètres sous terre au milieu des tibias et des crânes ne me réjouit guère. Ce sentiment de doute se transforme en angoisse lorsque nous entrons dans l’ossuaire et que je découvre l’inscription au-dessus de la porte : « Arrête ! C’est ici l’empire de la mort ». J’attrape le bras de James :
« On devrait peut-être prendre ça au mot, non ?
– On n’est pas venu jusqu’ici pour rien, répond-il en ricanant.
– Oui mais franchement, c’est glauque comme endroit. L’air est humide et ça pue.
– Arrête de te plaindre Cam’…
– J’adore me plaindre ! »
Et je les suis en bougonnant dans le cimetière souterrain.

Je suis en tête à tête avec un crâne, quand j’entends un bruit derrière moi :
« Pssst… »
Je me retourne. Rien. C’est curieux, on dirait la voix de Ridley. Les autres visiteurs sont en train de s’éloigner.
« Pssst, Cam’, je suis là.
– Où ? Je ne te vois pas. »
C’est alors que j’aperçois une main sortir d’un trou sous le mur d’en face. Je m’approche, je m’agenouille et je découvre Ridley à quatre pattes dans un passage étroit.
« Qu’est-ce que tu fais là ? On n’a pas le droit !
– Il y a un passage vers une galerie par ici. James est parti en repérage devant moi. »
– Mais c’est interdit ! Il faut rester avec les autres.
– Cam’, ta gueule. Reste ici si tu veux. Nous, on va voir. »
Et il disparaît à nouveau en s’enfonçant dans l’obscurité. Je jette un regard derrière moi. Il n’y a personne. Ils m’énervent ! Je me glisse dans le trou. Beurk, j’ai mis la main dans une chose gluante. Il fait très sombre et j’avance à l’aveugle. L’air devient étrangement moite. Au bout de quelques mètres je distingue une lumière bleutée. Le plafond de la galerie s’élève doucement. Je peux enfin me redresser. Mon jean est couvert d’une boue visqueuse. Si je les attrape ces deux-là, je leur… Haaaaaan ! Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? James et Ridley sont en train de tourner autour d’un squelette géant fossilisé. En m’approchant, je découvre que ses os semblent avoir éclaté au niveau du thorax. Je n’aime pas ça du tout. En levant les yeux, je m’aperçois que les parois des murs autour de nous ressemblent à une structure osseuse. Comme si nous nous trouvions à l’intérieur d’un squelette humain dont le toit serait la colonne vertébrale.
« Incroyable, on dirait une forme vivante étrangère, s’exclame James, elle a l’air morte depuis longtemps…
– Sortons d’ici !
– Tu plaisantes ! C’est génial comme endroit. Venez, la galerie continue par là. »
Ils s’enfuient tous les deux. Mon sang se glace. Ils me laissent seule avec ce monstre ! Il faut que je les rattrape. Et, au lieu de faire demi-tour pour rejoindre les autres visiteurs, je m’enfonce dans le couloir. Il fait très sombre, mais je perçois toujours une faible lumière bleue. Cet endroit me fout la chair de poule.
« Ridley, James, vous êtes où ? ».
Seul l’écho de ma voix me répond. Ils cherchent à me faire peur. Je suis sûre qu’ils se cachent un peu plus loin. Soudain, j’entends un bruit de cliquetis et d’eau qui coule. Je parcours encore quelques mètres et je débouche sur un carrefour où… il pleut. Je dois être au fond d’un puits. Des chaînes en métal sont accrochées en hauteur et s’entrechoquent. Pfffffffffffkrrraaaaaaouuuuuuuu ! Je fais un bond qui m’aurait sûrement permis de battre les records de saut en hauteur quand j’étais au collège. Qu’est-ce c’est ??? Je ne suis pas seule. Ça vient d’une galerie sur ma droite. Je m’approche lentement. Mes mains tremblent, mais il faut que je voie ce que c’est. Je marche sur la pointe des pieds. Ma respiration s’accélère.
« Il y a quelqu’un ? »
C’est alors que je distingue deux petits yeux jaunes qui brillent dans l’obscurité : « Miaaaaou ! »
Un chat. C’est un chat roux ! En me voyant, il bondit sur ses pattes, son dos se gonfle et ses poils s’hérissent. Il a peur. Je lui tends la main :
« Minou, minou, viens. Je ne vais pas te faire de mal. »
Au lieu de me rejoindre, il s’enfuit dans la galerie. Damned ! Je m’élance à sa poursuite. L’air devient de plus en plus suffocant. On se croirait sous les Tropiques. Le sol du couloir est inondé. Tout à coup, je débouche sur une sorte de grotte. INCROYABLE. On dirait un champ. Un champ plein d’objets… plein d’œufs énormes. Une couche de brume bleue les recouvre. Je m’approche, à la fois subjuguée et terrifiée. Je tends ma main vers l’un des œufs, mais j’entends un grésillement lorsque je la passe à travers la brume. Cela me fait aussitôt reculer. J’ai un mauvais pressentiment. « Miaouuuuuuuu ! » Le chat roux est juste à côté de moi. Il est en train de jouer avec quelque chose. C’est bizarre, on dirait une sorte de… d’araignée de mer avec un long tentacule. Qu’est-ce que ça peut bien faire là ? La bestiole semble morte.
« Viens-là minou, c’est sale ce truc. »
Le chat m’obéit et saute dans mes bras. C’est alors que je vois le téléphone de Ridley au sol. Je ne le sens vraiment pas cet endroit. Soudain, une chose gluante tombe sur ma joue. J’entends un bruit de glissement au-dessus de moi. Des frissons parcourent mes doigts. Je recule doucement jusqu’à la galerie d’où je suis arrivée, avec le chat dans les bras, et je m’élance aussi vite que je peux vers la sortie. Je ne vois quasiment rien. Je me cogne contre les murs. Le chat miaule de toutes ses forces. Je traverse en un éclair la salle où la pluie tombe. Mon souffle se coupe. Je sens les griffes du félin se planter dans mon bras. Je cours, je cours, je cours. Le plafond de la galerie est de plus en plus bas. Je plonge pour continuer à quatre pattes. Enfin, j’aperçois de la lumière. Je me glisse dans le creux et je m’écroule dans l’ossuaire. Je reprends ma respiration. Tout mon corps tremble. Blotti dans mes bras, le chat se met à ronronner et à frotter sa petite tête contre mon ventre. Et tandis que le gardien des catacombes m’attrape pour me mettre dehors, je me dis que ce petit chat roux a bien de la chance, lui, de ne pas savoir que le pire est à venir…

To be continued.

Cam' dans un film

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Un texte inspiré de…

Alien, le huitième passager de Ridley Scott ALIEN, LE HUITIEME PASSAGER (ALIEN) – 1979

Genre : science-fiction, horreur
Réalisateur : Ridley Scott
Scénariste : Dan O’Bannon, Walter Hill, Ronald Shusett
Avec : Sigourney Weaver, Tom Skerritt, Veronica Cartwright, Harry Dean Stanton, John Hurt, Ian Holm, Yaphet Kotto, Bolaji Badejo (aka Alien) et le chat
Bande originale : Jerry Goldsmith

Pour en savoir plus :
Voir la bande-annonce d’Alien
– Voici ce à quoi j’ai échappé… enfin, pour l’instant : voir la vidéo
– La charmante petite bêbête en action : voir la vidéo
– La fiche technique complète du film sur Allociné
– Tout savoir sur la saga Alien

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