14 juin 2013
28 ans, 60 kg, 6 cigarettes et demi, chômeuse… ou blogueuse (selon les circonstances)
Qu’est-ce qui est pire qu’une réunion d’anciens élèves ? Une réunion d’anciens élèves où tu as la bonne idée de te fagoter avec un mini-short en jean et une chemise de bûcheron alors que tous les autres sont en costumes et robes de soirée.
« Camiiiiiille ! »
Oh non pas elle ! Tatiana, 27 ans, major de promo, lèche-bottes indétrônable, véritable commère, s’habille comme Barbie, ne fume pas, ne boit pas, est désespérément heureuse en couple.
« Je ne pensais pas que tu viendrais ! dit-elle en me collant deux bises pincées sur les joues.
– Ben si, tu vois, je suis là. »
Quelle hypocrite ! Elle me déteste. Sourire, rester polie.
« Alors où est ton chevalier servant ?
– Il travaille.
– On ne le verra donc jamais. A croire qu’il n’existe pas… »
Je ris jaune. La garce. Je suis une princesse, j’ai des bonnes manières, je n’écrase pas le plateau de petits-fours sur la tête de Tatiana.
« Au fait, chuchote-t-elle avec son air de conspiratrice, tu sais qu’Olivia est enceinte ? Cela ne fait qu’un mois mais je ne pouvais pas le garder pour moi !
– Ah oui, super nouvelle… »
Je tourne la tête vers Olivia. Elle tient fièrement un verre de jus de fruit dans ses mains et sourit niaisement. A côté d’elle, Adeline est énorme (elle doit en être à sept mois de grossesse) mais, attention, elle respire le bonheur. Elles sont toutes en admiration devant la bague de fiançailles de Candice. J’ai besoin d’un verre.
« A ta place, je me dépêcherai de mettre la machine en route, me dit Tatiana en pointant mon ventre du doigt. Le temps passe si vite. Tic-tac, tic-tac… »
Je vais l’étrangler.
« Sérieusement, pourquoi y a-t-il tellement de femmes qui arrivent à la trentaine sans être mariées ?
– Peut-être parce qu’un mariage sur deux finit en divorce. »
Vengeance. Je la laisse plantée là et je file vers ma famille urbaine pour mettre en place une cellule de crise contre cet univers impitoyable.
« Tu l’emmerdes ! me dit ma copine Manon. Elle se fait chier dans sa vie. Toi, tu es libre.
– Oui… Je suis au chômage, je n’ai pas eu le courage de m’installer aux Etats-Unis, je suis accro à la cigarette et je suis habillée en cow-girl !
– Personne ne t’a dit que c’était « tenue je-me-fonds-dans-la-masse exigée » ? demande ma copine Romane.
– Mais non !
– Ce n’est pas grave, réplique ma copine Marylou, ça fait ton charme. Dis que tu es blogueuse, souris et tout le monde te trouvera… originale.
– Attention, à trois heures, monsieur « vise-nibards » se dirige vers nous, murmure ma copine Nina. Chut ! »
Monsieur « vise-nibards » est un de nos anciens professeurs. Il arrive droit sur moi en me tendant la main :
« Mademoiselle… »
Blanc. Il ne se rappelle bien sûr plus de mon prénom. Il baisse les yeux. Manque de bol, je n’ai pas de seins. Mais j’ai une chemise de bûcheron et un mini-short.
« Vous… Vous avez changé.
– Changé ?
– Oui, vous avez…
– Grossi ? »
Mes copines éclatent de rire. Il rougit.
« Non, ce n’est pas ça. »
Et il se tourne vers Manon.
« Dis-donc, tu fais de l’effet à « vise-nibards », me chuchote Romane à l’oreille.
– Je vais me resservir à boire ! »
Quelques coupes de champagne plus tard. Mon copain Raphaël me raconte comment il a rabattu le caquet de Tatiana quand Simon se colle juste à côté de nous. Plus communément appelé « le diabolique », Simon est un menteur notoire qui cherche à répandre le malheur autour de lui et qui déclenche des éruptions de boutons sur mes joues dès qu’il me fait la bise.
« Tiens Camille ! Ça fait vraiment longtemps. Qu’est-ce que tu deviens ? Ohlala, tu as mauvaise mine. Au fait, tu ne connais pas la dernière ? J’ai croisé ton ex l’autre jour. Enfin, j’en ai déduis que c’était ton ex parce qu’il était avec une autre fille. Et devine quoi ? Elle était enceinte. Incroyable, non ? »
Deux possibilités : soit je reste digne et je continue à sourire, soit je lui colle mon poing dans la figure. Bien que je sois très tentée par la deuxième solution, je me rends compte que je n’ai sûrement pas assez de force pour l’envoyer valser dans le buffet et je préfère tourner les talons pour rejoindre Manon.
Une heure plus tard, Romane, Manon, Marylou, Nina, Raphaël et moi nous retrouvons dehors pour fumer une cigarette avant de quitter enfin ce calvaire. J’esquisse un petit pas de danse de la victoire :
« Mes chers, nous sommes vraiment une grosse bande de dépravés.
– Oui, mais une bien belle bande de dépravés, répond Raphaël. »
Je continue à faire des pirouettes :
« Bon, au moins, ce qui est bien avec l’âge, c’est qu’on tient mieux l’alcool ! »
Et voilà. C’est là. Pile. C’est à ce moment-là que j’ai compris que, sauf événement imminent, je finirai probablement vieille et seule avec ma chemise de bûcheron, qu’on me retrouverait dévorée par mes chats et que… oups, non, non, nooooooooon, BAM !
Ah oui, et surtout, j’ai compris qu’il fallait définitivement que j’arrête les danses improvisées dans la rue, sous peine de finir la soirée en tête à tête avec le caniveau.
Pour oublier toute cette lose, cette semaine, Klaire fait grr me fait l’immense honneur de venir faire un petit tour sur les écrans de Cam’ dans un film…
Et si vous avez été enlevé par des chatons extraterrestres ces dernières années et que vous êtes le seul à ne pas encore connaître Klaire, filez vite sur son blog !
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Un texte inspiré de…
LE JOURNAL DE BRIDGET JONES (BRIDGET JONES’S DIARY) – 2001
Genre : comédie romantique
Réalisateur : Sharon Maguire
Scénaristes : Richard Curtis, Andrew Davies, d’après les romans d’Helen Fielding
Avec : Renée Zellweger, Hugh Grant, Colin Firth, Gemma Jones, Jim Broadbent…
Bande originale : Patrick Doyle
Pour en savoir plus :
– Voir la bande-annonce du Journal de Bridget Jones
– Quand Bridget Jones se retrouve déguisée en lapine coquine à une fête de famille… Voir l’extrait qui a inspiré ce texte
– La fiche technique du film sur Allociné
– Ecouter la bande originale du film sur Spotify
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ne manquait plus que le pull renne !
En effet, mais je le garde en stock pour une autre fois ;)