Je vois son œil jaune entre les branches. La peur me paralyse. Peut-être que si je ne bouge pas, il ne me verra pas. Comme un tyrannosaure. Son regard vicieux me fixe. Est-ce qu’il sent ma présence ? Ne pas hurler. Ne pas se faire remarquer. Les feuilles se mettent à trembler autour de moi. Il n’a pourtant pas bougé. C’est alors que deux autres velociraptors surgissent des fourrés sur les côtés…

« Cam’, réveille-toi !
– Mmmmm… encore un peu s’il te plaît. J’ai fait un cauchemar.
– Non, il faut vraiment qu’on y aille. On a rendez-vous avec les autres dans une demi-heure devant la galerie de paléontologie.
– Je ne suis plus sûre de vouloir venir. Je n’aime vraiment pas les os de dinosaures.
– Mais ça va aller, je serai là. Allez debout ! »
Je ne peux pas lui résister. Résultat, je me retrouve devant la porte de la galerie, les jambes tremblantes. La nuit tombe. De la fumée s’échappe des tuyaux d’aération du bâtiment. C’est glauque. Je déteste cet endroit. Il me file la chair de poule.
« Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ? King Kong ? ricane un visiteur en passant la lourde porte en bois. »
VRAIMENT TRES DROLE ! Il en sort une autre dans le même genre celui-là et je le… Quelqu’un me bouscule pour que j’avance. Je trébuche et je me retrouve nez-à-nez avec un crâne. Gloups. Je me redresse aussitôt. J’ai des sueurs. On se calme, c’est un herbivore celui-là. Il est quand même sacrément grand. Il faut que je respire un grand coup. J’essaye d’avancer dans le hall. Les dinosaures et moi… deux espèces séparées par 65 millions d’années d’évolution qui viennent tout à coup de se retrouver face à face. Comment serait-il possible d’avoir la plus petite idée de ce qui va se passer ? En fait, j’ai une petite idée mais je préfère ne même pas y penser…

Beurk, à ma droite, un fossile d’iguanodon me fait frémir d’angoisse. J’aimerais mettre la main devant mes yeux pour ne rien voir, mais j’aurais l’air complètement idiote à côté des enfants qui courent dans tous les sens. Peut-être que si j’avance en regardant mes pieds, j’arriverai à oublier ce qui m’entoure et on ne remarquera pas que je suis morte de trouille. CLAC. Les lumières s’éteignent. Il fait noir et j’ai l’impression d’être seule. La bonne blague. Je ris nerveusement. Mes oreilles se mettent à bourdonner. Aïe ! Quelque chose vient de me piquer le bras. C’est sûrement la corne du triceratops qui se trouvait à quelques mètres de moi. JE VEUX SORTIR DE LA ! Mais je n’ai pas la force de retrouver la sortie. Je m’assieds par terre. Le sol est glacé. C’est bizarre, j’ai l’impression de sentir des vibrations dans mes mains. Une goutte de sueur coule dans mon dos. Tous les muscles de mon cou sont crispés. Ces vibrations… C’est… C’est un pas qui fait trembler la terre ! Je me lève d’un bond et je rassemble ce qui me reste de courage pour courir vers ce qui me semble être la sortie. Tout à coup, un éclair m’aveugle et là, face à moi, la gueule béante, se dresse… un horrible squelette de tyrannosaure. Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! Le sol se dérobe sous mes pieds. Un voile blanc passe devant mes yeux. Noir.

Quand j’ouvre les yeux, mon cher et tendre est penché au-dessus de moi. Je lui souris :
« Je t’avais dit que j’avais la phobie des squelettes de dinosaures.
– Oui, mais tu as réussi à entrer. Tu l’as fait, tu y es arrivée ma petite dégénérée ! »
Chacun son point de vue. Pour moi, une chose est sûre, je ne remettrai jamais les pieds dans cet endroit atroce. 20 ans que je n’arrive pas à regarder un os de dinosaure. Et dire que c’est juste à cause d’une vague histoire de cuisse de chèvre.

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Un texte inspiré de…