Le pire, quand un cambrioleur psychopathe s’en prend à votre porte, c’est lorsqu’il n’arrive pas à s’introduire dans votre appartement et qu’il défonce votre serrure à coup de pied de biche, de telle sorte que vous ne puissiez plus entrer chez vous.
Ce soir-là, j’attends donc le serrurier devant mon immeuble, en espérant que mon cauchemar se termine enfin. Une voiture grise arrive en trombe et se gare en travers du trottoir. Deux hommes tout droit venus des années 1980 en sortent précipitamment. Le premier, un homme blanc à l’allure de policier en planque depuis trois semaines, est coiffé en brosse avec une horrible nuque longue. Il porte un jean, un tee-shirt blanc sous une vieille chemise au bleu terni et un blouson gris. Le second, un homme noir moustachu d’une cinquantaine d’années, est en costume-cravate. Ils se dirigent vers moi. Je recule, un peu inquiète.
« C’est vous qui avez appelé l’entreprise Riggs&Murtaugh ? me demande l’homme à la nuque longue.
– Euh… oui.
– Riggs, serrurier. Lui, c’est Murtaugh. Ils sont entrés ?
– Euh… non. Mais c’est sérieux, ma serrure a été forcée et je ne peux plus entrer.
– Vous êtes sûre qu’il n’y a personne dedans ?
– Euh… je… je ne sais pas.
– On devrait aller jeter un œil ! »
Je n’ai pas le temps de répliquer, ils sont déjà entrés dans l’immeuble et grimpent les escaliers. Arrivés au deuxième étage, Murtaugh s’arrête et attrape Riggs par le bras :
« Hey Riggs, je ne suis pas sûr qu’on ait le bon matériel.
– Quoi vous n’êtes pas sûrs d’avoir le bon matériel ? Vous n’êtes pas serruriers ?
– Si ma p’tite dame, me répond Riggs, ne paniquez pas. On va vous arranger tout ça !
– Je ne panique pas mais… »
Ils ne m’écoutent pas et continuent leur ascension.
Arrivé au quatrième étage, Murtaugh s’agenouille devant la porte de mon voisin.
« Excusez-moi monsieur mais, ma porte, c’est celle d’en face. »
Riggs éclate de rire :
« Allez Roger, courage, plus que huit jours avant la retraite !
– Grrr, je le savais. Je voulais juste voir s’ils avaient aussi essayé de forcer cette porte ».
Riggs est appuyé contre ma porte. Il écoute. Puis, il s’agenouille et regarde dans l’entrebâillement.
« Je crois que je peux l’ouvrir.
– Je ne pense pas que ce soit une bonne idée Riggs ».
La lumière de l’escalier s’éteint. Soudain, un grand bruit retentit derrière nous. Je hurle et je m’accroche au cou de Riggs. C’est alors que nous voyons deux petits yeux briller dans le noir. Riggs tend son bras vers l’interrupteur et allume.
« Miaouuuu… » Le chat de mon voisin se dresse face à nous. Riggs rit et me montre Roger qui a les mains sur les oreilles et les yeux fermés. Je pouffe. Roger ouvre l’œil droit.
« On a frôlé la chatastrophe ! s’exclame Riggs. Cool Roger, cool… Je crois qu’il va falloir employer la bonne vieille méthode.
– Non, non, non, non Riggs !
– C’est peut-être pas très intelligent mais… »
Il enlève son blouson.
« Non, non, non, non ! s’exclame Roger.
– Il faut le faire Roger ! On n’y arrivera pas autrement ».
Je ne comprends plus rien…
« Attends, attends, comment tu peux en être sûr ? s’inquiète Roger.
– Ben, c’est juste du flair.
– Tu te fies à ton flair ?
– Roger, fais-moi confiance ».
Je commence à prendre peur…
« Tu as raison, il faut que je te fasse confiance ».
Roger enlève sa veste de costume et la pose soigneusement sur la rambarde.
« On y va à trois ? demande Roger.
– Oui, on compte jusqu’à trois et on y va.
– Euh, vous allez où à trois messieurs ? »
Ils ne m’entendent pas…
« Tu es prêt Roger ? A trois… Un, deux…
– Attends, attends !
– Quoi ? Quoi ?
– Est-ce qu’on y va à trois ? Ou est-ce qu’on fait un, deux, trois et puis on y va ?
– Comme tu veux Roger…
– On y va sur le trois.
– On y va sur le trois ?
– Oui.
– Ok… »
Ils se regardent. Instinctivement, je recule.
« Un… deux… troiiiis ! »
Ils se jettent de toutes leurs forces sur ma porte. Je tombe au sol et protège ma tête avec mes bras, tandis que le bois du chambranle vole en éclats. Le chat du voisin pousse un miaulement atroce et s’enfuit. Lorsque j’ouvre les yeux, il y a de la poussière partout. La lumière de la cage d’escalier s’éteint à nouveau. Je me précipite vers l’interrupteur, j’allume et je découvre Riggs et Murtaugh allongés dans mon entrée. Ils me regardent avec un sourire désolé mais ils semblent tout de même contents d’eux. Ils ont défoncé ma porte.
« Vous voyez mademoiselle, on a réussi à l’ouvrir votre porte. Et il n’y a personne dans votre appartement ».
La nuit va être longue…
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Un texte inspiré de…
L’ARME FATALE 3 (LETHAL WEAPON 3) – 1992
Genre : buddy movie, action, policier
Réalisateur : Richard Donner
Scénaristes : Jeffrey Boam et Robert Mark Kamen d’après les personnages créés par Shane Black
Avec : Mel Gibson, Danny Glover, Joe Pesci, Rene Russo…
Bande originale : Eric Clapton, Michael Kamen, David Sanborn
Pour en savoir plus :
– Pour voir l’extrait de L’Arme Fatale 3 qui a inspiré mon texte, c’est ici !
– Mais j’avoue que j’aime tellement ce buddy movie que je n’ai pas pu m’empêcher de piquer quelques trucs à une scène de L’Arme Fatale 2 : voir l’extrait
– Toutes les infos sur la saga L’Arme Fatale
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