Plaire, aimer et courir vite
Forte est la tentation de comparer le dernier film de Christophe Honoré aux 120 battements par minute de Robin Campillo. Tous deux ont grimpé les marches de Cannes, tous deux se déroulent dans les années 1990, tous deux parlent de ce sida qui fait alors des ravages. Cependant, la comparaison s’arrête là. 120 battements par minute est un coup de poing politique, un cri de combattant qui vous prend aux tripes et vous laisse sous le choc. Plaire, aimer et courir vite, lui, est un récit littéraire et romantique qui vous parle d’amour, qui vous redit des choses tendres, et ce beau discours, certains cœurs ne sont pas las de l’entendre. Christophe Honoré nous narre la rencontre éphémère entre Arthur, un étudiant breton de 20 ans, et Jacques, un écrivain parisien atteint du VIH. Une histoire qui se fait dans l’urgence, condamnée d’avance. Si elle tient la route, malgré ses quelques aspects précieux (on reste chez Honoré), c’est essentiellement grâce à son superbe trio d’interprètes : un Vincent Lacoste (presque) devenu homme que l’on a forcément envie d’aimer, un Pierre Deladonchamps absolument éblouissant et, au milieu d’eux, un Denis Podalydès extrêmement touchant. Plaire, aimer et courir vite jongle entre légèreté et gravité, approche parfois d’un peu trop près le pathos, mais finit par nous concourir sur – au choix – une chanson d’Anne Sylvestre ou de Massive Attack.
Mon Ket
Le défi était intéressant et risqué : créer un film de fiction intégrant des caméras cachées. Roi en la matière, François Damiens semblait tout désigné pour le relever. Est-ce à dire que son premier long métrage Mon Ket est une réussite ? Soyons directe… Plutôt pas. Car si Mon Ket rassemble quelques passages croustillants (notamment une histoire de barrière défoncée dans un parking, une discussion autour d’un téléphone coincé dans un derrière avec une infirmière et une séance de drague sur un banc), il peine à nous embarquer. Les passages de fiction où le personnage de François Damiens, tout juste évadé de prison, essaie de recréer un lien avec son fils Sullivan n’apportent pas grand intérêt. Ils laissent même le spectateur en position délicate. A tel point qu’il préfèrera sûrement se repasser des bons vieux extraits des caméras cachées de François l’Embrouille qui, eux, le feront à coup sûr rire du début jusqu’à la fin. Dommage.
Jurassic World : Fallen Kingdom
Comme le volet précédent signé Colin Trevorrow (Jurassic World tout court), le Fallen Kingdom de Juan Antonio Bayona est une sorte de gloubi-boulga de grand n’importe quoi. Une aventure à 100 à l’heure qui nous offre de bons moments comme une explosion volcanique spectaculaire et des dinos très réussis, mais qui manque cruellement d’imagination et passe son temps à faire des clins d’œil à ses ancêtres préhistoriques (Jurassic Park, « the first and the only one » pour nombre d’entre nous, mais aussi le désavoué Monde Perdu). Pire, Fallen Kingdom est bourré de personnages stéréotypés et de méchants sans charisme qui peuvent fatiguer. Néanmoins, si l’on dépasse cela, il reste un bon divertissement. Le duo Chris Pratt et Bryce Dallas Howard est toujours aussi efficace et fun, il se passe beaucoup de choses (trop ?), l’action ne nous laisse que très peu de répit, les sursauts sont là, le T-Rex aussi (même s’il n’est plus le king, il retrouvera toujours sa petite chèvre), et la fin ouvre de nombreuses portes à suivre, ou pas. Chacun saura dissocier le chef d’œuvre traumatisant d’une génération du bon vieux blockbuster estival qui change les idées. Du moins il faut encore l’espérer…
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