Un déménagement supercalifragilisticexpialidocious


J’ouvre les portes arrière de la camionnette. Une montagne de cartons surgit de l’obscurité. Derrière moi, mes amis n’en reviennent pas. C’est la huitième fois que je déménage en quatre ans et, une fois de plus, ils se demandent comment j’ai fait pour amasser autant de choses en si peu de temps.
« Allez, un peu de courage, me dis-je à moi-même. »

Quinze minutes plus tard, nous avons vidé un tiers du camion, mais la fatigue commence déjà à se faire sentir. Les cinq étages de mon nouvel immeuble vont avoir raison de nous. Je décide de m’asseoir deux minutes sur le trottoir pour reprendre mon souffle. Grossière erreur, mes jambes se coupent. Quelle galère ! J’en ai marre. Si seulement tout pouvait être réglé en un simple claquement de doigts…

Soudain, le vent se lève et interrompt ma rêverie. Les feuilles du début d’automne s’envolent tout autour de moi. Curieux. Je me redresse. Je… non… Je… Je me frotte les yeux pour vérifier que je vois bien. Une femme est en train de descendre des nuages, avec un parapluie ouvert en guise de parachute. Elle atterrit juste devant moi. Un grand sourire illumine son visage. Son chapeau est orné de petites fleurs. Son chignon impeccable et son long manteau cintré lui donnent fière allure. Je dois être en train de rêver. C’est alors qu’elle se met à parler :
« Fermez donc la bouche Camille. Vous avez l’air d’un poisson hors de l’eau. »
Je m’exécute aussitôt. Je vois mes amis un peu plus loin qui semblent tout aussi abasourdis. J’essaye de dire quelque chose, mais je reste muette.
« Vous êtes bien Camille, n’est-ce pas ?
– Je… euh… oui.
– Et vous avez demandé un coup de pouce ?
– Oui… enfin, pas vraiment, mais…
– Et bien Mary Poppins est là ! s’exclame-t-elle avec un sourire bienveillant. »
Elle fait le tour du camion en enlevant délicatement les gants blancs qui protègent ses mains.
« Allez, venez donc tous par ici, fait-elle en faisant signe à mes amis de la rejoindre. Youpla ! »
Nous obéissons sans broncher. Elle commence à fredonner :
« Il est vrai que dans chaque travail, il y a un élément au fond, qui fait que l’on s’adapte, une chose qu’on aime. »
Elle passe la tête dans le camion pour évaluer ce qu’il reste à faire. Elle met un doigt sous son menton, en faisant mine de réfléchir, puis nous regarde un par un. Elle prend alors son inspiration et chante :
« Chaque tâche peut devenir, selon l’humeur un plaisir. Tous les soupirs ne valent pas mieux qu’un sourire… »
Elle tape dans ses mains, enjambe un carton laissé sur le trottoir, donne un coup de fesse dans la porte de l’immeuble pour l’ouvrir et claque des doigts. Tout à coup, le carton sur le trottoir s’élève dans les airs – OUI, S’ÉLÈVE DANS LES AIRS ! – et se dirige seul vers l’entrée et les escaliers. Je suis figée sur place. Les autres autour ont les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte. La mystérieuse Mary Poppins fait à nouveau claquer ses doigts et les cartons restant dans le camion se mettent à remuer, ils s’envolent et suivent la même direction que le premier. Nous nous précipitons dans la cage d’escalier pour voir une file indienne de cartons grimper dans les étages… jusqu’à mon appartement. Pendant ce temps, la femme continue de chanter, tout en jouant avec un rossignol.

En cinq minutes à peine, tous les cartons sont bien rangés chez moi. Tandis que je ferme les portes du camion pour de bon, je sens un courant d’air dans mon cou. C’est étrange, on dirait que le vent a tourné. Je contourne le véhicule pour aller remercier notre incroyable déménageuse, mais elle n’est plus sur le trottoir. Elle y était pourtant il y a quelques secondes… Mes amis sortent en courant de l’immeuble.
« Vous avez vu Mary Poppins ?
– Non, me répondent-ils en chœur.
– Bizarre, on dirait qu’elle s’est volatilisée…
– Camille, regarde ! me crie un ami en pointant le ciel du doigt. »
Je lève le regard et je vois disparaître, dans les nuages, un parapluie. Nous lui adressons tous un au revoir de la main en souriant comme des enfants émerveillés, juste avant de retourner à la réalité. Sacrée Mary Poppins !

Cam' dans un film

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Un texte inspiré de…

Mary Poppins de Walt Disney MARY POPPINS – 1965

Genre : comédie musicale
Réalisateur : Robert Stevenson
Scénaristes : Bill Walsh, Don Da Gradi, Don DaGradi d’après l’œuvre de P.L. Travers
Avec : Julie Andrews, Dick Van Dyke, David Tomlinson, Glynis Johns, Karen Dotrice, Matthew Garber…
Bande originale : Richard M. Sherman et Robert B. Sherman

Pour en savoir plus :
– Quand ranger sa chambre devient un jeu d’enfant : voir l’extrait de Mary Poppins qui a inspiré ce texte
Voir la bande-annonce de Mary Poppins
– La fiche technique du film sur Allociné
– Ecouter la bande originale de Mary Poppins sur Spotify
– Et si vous voulez chanter les chansons de Mary Poppins, toutes les paroles (qui ne veulent pas toujours dire grand-chose en français) sont ici !

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