Star Wars VII ou le réveil de la nostalgie

13 mars 1997. Sur les marches de la MJC de mon village, j’attends avec mon père et mon frère que les portes du cinéma s’ouvrent enfin. Aujourd’hui, c’est mon douzième anniversaire. Mon père trépigne d’impatience. On dirait qu’il est retombé en enfance. Mon frère ne tient plus en place, pas parce qu’il a hâte, mais parce qu’il en a marre. Et moi, je me dis que ce n’est pas exactement la soirée d’anniversaire dont je rêvais. Cela fait plus de trente minutes qu’on patiente. Nous sommes les premiers d’une file qui commence à se remplir d’autres pères et de leurs enfants. Quand le vieux monsieur qui vend les billets nous fait finalement entrer, tout le monde se précipite au guichet. Mon père, plus fier que jamais, demande trois tickets pour Star Wars. Il est tellement heureux de pouvoir nous faire découvrir au cinéma le film qui a bercé sa jeunesse. En version remasterisée, vous vous rendez compte, guys ??! Nous, on ne se rend compte de rien du tout, et je ne suis pas un guy, et on pense plutôt qu’on va se taper un film ringard pendant deux heures. Mais bien sûr, on est encore à une galaxie lointaine, très lointaine de se douter de ce qui va se passer… Oui, on est loin d’imaginer les années d’hystérie qui vont suivre à chaque sortie d’un nouveau volet de la saga, les batailles de sabre laser, les heures à parler en Yoda ou en Chewbacca, les posters d’Harrison Ford placardés dans ma chambre. On est loin d’imaginer que notre père allait ce jour-là nous ouvrir les portes de la Force et que nous y prendrons fichtrement goût.

16 décembre 2015. Après des mois à attendre et à découvrir des bribes d’images, je suis en transe. Ce soir, je vais découvrir le 7e épisode de la saga Star Wars : Le Réveil de la Force. A mes côtés, non plus mon père, mais l’homme qui partage ma vie et qui, je dois bien l’avouer, a de faux airs de Luke Skywalker, jeune et sans cicatrices. Il a encore plus hâte que moi mais reste très digne. Lui, c’est un vrai Jedi. Moi, mon manque de patience m’aurait carrément fait sombrer du côté obscur. La petite musique de John Williams trotte dans ma tête depuis le matin. J’en arrive même à faire des bruits de sabre laser en jouant avec mon programme ciné. Là, vous vous dites que j’ai un grain. Ce n’est sûrement pas faux. Mais je pense surtout que j’ai retrouvé l’excitation d’un enfant la veille de Noël. Je vais enfin avoir mon cadeau. JE VAIS RETROUVER HAN SOLO, LEIA ET LUKE ! Du moins, c’est ce que je crois en m’installant dans la salle où des Stormtroopers nous accueillent.

2h15 plus tard. J’ai envie de chialer. Non pas parce que j’ai détesté le film. Au contraire, j’ai trouvé ça plutôt pas mal. C’est juste que je sens une grosse boule dans mon ventre. Un putain de cafard. Les héros de mon adolescence sont devenus de vieux croûtons. Ce qui m’a filé un petit coup de vieux, et surtout, une grande baffe de nostalgie. Même l’incroyable pouvoir de chaton du droïde BB-8, la fraîcheur de la nouvelle génération (Daisy Ridley en tête pour le girl power) et les promesses d’un méchant sur les traces, mais en même temps très différent, d’un Vador (joué par Adam Driver), n’ont pas pu m’ôter ce sentiment amer et mélancolique. Peut-être aussi que c’est simplement parce que le film manque de profondeur, que certaines scènes dramatiques sont bâclées au profit de l’action et que les retrouvailles avec mes souvenirs ne se sont pas déroulées comme je l’aurais souhaité. Quoi qu’il en soit, je n’en dirais pas plus pour ne rien dévoiler. Sachez seulement que le pouvoir de Jedi de mon cher et tendre, une margarita et un burrito ont (presque) fini par me consoler.

Au moment de me coucher, j’ai découvert que j’avais deux messages sur mon répondeur. L’un de ma mère qui commençait en m’appelant Princesse Leia. L’autre de mon père qui, pendant trente secondes, se prenait pour Dark Vador puis raccrochait sans rien dire de plus. J’ai alors compris que je n’étais pas sortie de l’auberge, que je faisais définitivement partie de cette génération Star Wars, et que, même si les choses changeaient, après tout, rien ne valait une bonne vieille madeleine de Proust.

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Cam' dans un film

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Star Wars - Le Réveil de la Force de J.J. Abrams STAR WARS – LE REVEIL DE LA FORCE (THE FORCE AWAKENS) – Sortie le 16 décembre 2015

Genre : SF, aventure, action
Réalisateur : J.J. Abrams
Scénaristes : Lawrence Kasdan, J.J. Abrams, Michael Arndt, d’après les personnages créés par George Lucas
Avec : Daisy Ridley, John Boyega, Adam Driver, Oscar Isaac, Harrison Ford, Carrie Fisher, Mark Hamill, Lupita Nyong’o…
Bande-originale : John Williams

Pour en savoir plus :
Voir la bande-annonce de Star Wars – Le Réveil de la Force
– La fiche technique complète du film sur Allociné
Ecouter la bande originale signée John Williams sur Spotify

 

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